Un hôtel à Pékin plonge ses clients à l'époque de Mao. En voici son panégyrique par l'hôtelier lui-même En pénétrant dans la suite présidentielle de cet hôtel, on a l'impression que Mao vient juste de quitter la pièce : des photographies en noir et blanc de sa famille sont encore accrochées au mur, ses livres préférés dont le petit livre rouge reposent sur l'étagère et une lampe Art déco provenant de sa maison à Zhongnanhai orne un coin de la salle. Quand la porte s'ouvre, on est presque déçu de ne pas se retrouver face à l'homme qui fut, à son époque, le plus puissant de la Chine. Pourtant, même en l'absence de celui-ci, l'atmosphère du communisme des années cinquante plane encore sur le Red Capital Club. La maison située dans le quartier Dongsi de Pékin se rattache à la tradition des résidences privées, particulièrement prisées des hommes politique à partir de 1949. Ses cinq suites sont aménagées avec un amour du détail particulièrement étonnant. À droite et à gauche de la suite présidentielle se trouvent les chambres des concubines qui semblent n'être composées que de lits et pour lesquelles on dénicha des antiquités de la dynastie des Qing. Deux autres suites ont été dédiées à l'écrivain chinois Han Suyin et a Edgar Snow. Le grand timonier est également présent dans la salle de restaurant puisque la « Zhongnanhai Cuisine » propose ses plats préférés. Même lors des excursions à travers la ville, il convient de partir sur les traces de Mao. Ou à la place de ce dernier, devrait-on dire, car la long limousine de sept mètres, qui servait jadis aussi à Madame Mao et qui est la seule automobile de ce type à exister encore, se tient exclusivement à la disposition de clients de la maison. Petite drapeau rouge, champagne et caviar russe compris.
Livre à emporte : « La vie privée du président Mao » de Zhi-Sui Li......
Pour plus de détail sur cet endroit, voici un article Caroline Puel, paru dans le Point :
Un hôtel insolite où plane le fantôme de Mao, un abri anti-atomique transformé en bar, balade dans la ville souterraine: la capitale regorge de lieux étonnants.
"Dans une ruelle étroite, mal éclairée, de la vieille ville, une grande porte rouge, bien gardée, s'ouvre sur un jardin de pierres. L'adresse du Red Capital Club est réservée aux initiés. A l'intérieur, cinq chambres sont disposes autour du petit jardin¨la Suite du président, qui propose, pour aider à s'endormir, les oeuvres complètes de Mao sure les étagères; deux chambres de concubines, dont les magnifiques lits-boudoirs, récupérés chez les antiquaires, datent des périodes Qianlong (1736-1795) et Tongzhi (1862-1874) et deux chambres dédiée à Han Suyin et Edgard Snow, deux écrivains qui furent fascines par Mao. Un abri antiatomique, au centre de la cour, a été reconverti en bar étonnant, où sont diffuses des films de la Révolution culturelle.
Cet hôtel insolite a été ouvert le 1er juillet 2001, jour du 80e anniversaire du Parti communiste chinois, par un avocat américain, Lawrence Brahms, qui vit depuis plus de vingt ans dans la capitale chinoise. C'est en partie pour sauver plusieurs splendides demeures typiques de Pékin, détruites massivement dans le cadre de la modernisation de la capitale, mais aussi par fascination pour le style des années 50, le Rétro chic, que cet Américain a racheté trois «cours carrée». L'une est devenue sa résidence personnelle, la deuxième, l'un des restaurants les plus huppés de Pékin, et la troisième, ce minuscule hôtel très sophistiqué.
En quelques minutes, par un dédale de ruelles, un cyclo-pousse relie l'hôtel au restaurant, ouvert en 1999 et situé dans le même quartier. Très inspire du mouvement Pop Art dans l'art contemporain chinois, qui reprend, pour les tourner en dérision, les anciens éléments de propagande, Lawrence Brahms a voulu recréer, non sans humour, une atmosphère qu'il qualifie de «socialiste romantique». Dans le bar du restaurant, deux profonds fauteuils de cuir proviennent de l'ancien bureau de Lin Biao, le ministre de la Défense et dauphin de Mao, qui disparut dans un accident' d'avion alors qu'il s'apprêtait à prendre la fuite pour la Russie, en 1971. Pour mettre à l'aise, le maître des lieux propose un cocktail maison, le Crash de Lin Biao. La table est bonne et le menu ne se départ pas du même esprit. La carte propose «le plat préféré de Deng Xiaoping», crème de légumes et poulet ordonnés de manière à représenter dans l'assiette un chat noir et une souris blanche. Une allusion (expliquée dans le menu) au slogan célèbre de l'ancien dirigeant, disparu en 1997, qui justifiait avec pragmatisme l'adoption de mesures capitalistes pour moderniser l'économie chinoise: «Peu importe qu'un chat soit noir ou gris, pourvu qu'il attrape les souris»…
Sorti de ces lieux, à apprécier au second degré, mieux vaut rester dans le ton. Pourquoi alors ne pas s'enfoncer dans la ville souterraine? A la fin des années 50 et dans les années 60, lorsque la Chine et la Russie sont passées d'une alliance absolue à une période de confrontation, les autorités chinoises ont un moment redouté des attaques soviétiques et ordonné la construction d'abris. Ces derniers ont pris de proportions à la chinoise, avec de véritables galeries équipées de systèmes de ventilation, des magasins, des réserves d'eau et même une route, qui reliait la résidence des hauts dirigeants à l'Assemblée nationale ainsi qu'à l'aéroport militaire, situé tout à l'ouest, près de Collines parfumées. Une partie de ces galeries a été endommagée par les constructions récentes de gratte-ciel, mais certaines peuvent se visiter (voir guide pratique). Rien que l'accès aux souterrains dans le très populaire quartier de Qianmen vaut le déplacement. Une fois sous terre, des panneaux indiquent sous quel monument on se situe. Une autre manière d'aborder le temple du Ciel ou la Cité interdite! Red Capital Club, No. 66 Dongsi Jiutiao, Dongcheng District, Beijing, 100007, Telephone: 86-10 8401 6152